Protection membre du CSE | Droits, Statut et Cas (2025)

Les salariĂ©s ayant des fonctions reprĂ©sentatives dans l’entreprise (salariĂ©s protĂ©gĂ©s) bĂ©nĂ©ficient d’une protection contre le licenciement. 

Ainsi, en plus de la procĂ©dure de licenciement classique, celui-ci doit ĂŞtre autorisĂ© par l’inspecteur du travail. Cette protection du reprĂ©sentant du personnel ne s’applique que pendant une certaine durĂ©e, dès la demande d’organisation des Ă©lections professionnelles, puis pendant et Ă  l’issue du mandat. 

  • Que signifie ĂŞtre salariĂ© protĂ©gĂ© ?
  • Combien de temps dure cette protection ?

Tout savoir sur le salariĂ© protĂ©gĂ© et les diffĂ©rentes protections de l'Ă©lu du CSE. 

Exemple de protection du membre du cse

Qui sont les salariés protégés ?

La liste des salariĂ©s protĂ©gĂ©s dans l’entreprise a Ă©tĂ© modifiĂ©e avec la rĂ©forme mettant en place le CSE. Celle-ci comprend dĂ©sormais (articles L. 2411-1 et L. 2411-2 du Code du travail) :

  • Les candidats Ă  l’élection au CSE ou au CSE interentreprises.
  • Les membres Ă©lus du CSE ou du CSE interentreprises.
  • Les dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux (y compris au CSE ou CSE interentreprises).
  • Le reprĂ©sentant syndical au CSE.
  • Les candidats aux fonctions de reprĂ©sentant de proximitĂ©.
  • Les reprĂ©sentants de proximitĂ©.
  • Les reprĂ©sentants du personnel au ComitĂ© d’hygiène, de sĂ©curitĂ© et des conditions de travail (CHSCT, nouveau nom CSSCT).
  • Les conseillers prud’homaux.

Les membres de la délégation du personnel au CSE bénéficient donc du même statut de salarié protégé que les délégués du personnel, représentants syndicaux et autres élus du comité d’entreprise.

Une autre catégorie de salarié protégé concerne les salariés occupant un mandat extérieur à l’entreprise, par exemple les membres d’un conseil d’administration de mutuelle, union ou fédération mutualiste.

On appelle aussi parfois à tort les « salariés protégés » qui n’appartiennent à aucune de ces catégories mais qui sont toutefois bénéficiaires d’une protection temporaire : femmes enceintes, par exemple. Leur protection et leurs droits ne sont pas les mêmes.

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Durée de protection par mandat du CSE

Mandat concerné

Durée de protection

Protection post mandat

Candidats aux Ă©lections du CSE L. 2411-7

6 mois à compter de l’envoi de la LRAR à l’employeur des listes de candidatures ou de la preuve de l’imminence de la candidature du salarié

 

Membres élus du CSE titulaires et suppléants L. 2411-5

Du jour de la proclamation des résultats et pendant toute la durée du mandat (4 ans en principe)

6 mois à partir de l’expiration du mandat ou de la disparition du CSE

De la date de réception de la lettre notifiant la désignation à l’employeur et pendant toute la durée du mandat (4 ans en principe)

6 mois à partir de l’expiration du mandat ou de la disparition du CSE

DĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux d’entreprise ou d’établissement, supplĂ©mentaires ou centraux  L. 2411-3)

De la date de réception de la lettre (ou de la preuve de l’imminence de la désignation) notifiant la désignation à l’employeur ou de la date du remplacement ou de la baisse durable et importante de l’effectif

En principe 12 mois après la cessation de leurs fonctions, lorsque celles-ci ont Ă©tĂ© exercĂ©es pendant 1 an au moins.

Durée de Protection pour les Membres d'un CSE Central

Mandat concerné

Durée de protection

Protection post mandat

Membres désignés du CSE central

4 ans comme celle des Ă©lus du CSE

6 mois à partir de l’expiration du mandat ou de la disparition du CSE

Représentants syndicaux au CSE central

4 ans comme celle des Ă©lus du CSE

6 mois Ă  partir de l’expiration du mandat ou de la disparition du CSE ( L. 2411-5).

En quoi consiste la protection du représentant du personnel ?

Un salarié protégé bénéficie d’une protection qui s’applique principalement en cas de licenciement du représentant du personnel. En effet, le salarié protégé ne pourra être licencié qu’une fois que l’inspection du travail aura donné son accord.

L’autorisation de l’inspecteur du travail est également nécessaire en cas de rupture de la période d’essai par l’employeur, de non-renouvellement de CDD, de modification des conditions ou du contrat de travail, de mise à la retraite ou bien de rupture d’un commun accord d’un salarié protégé (rupture conventionnelle).

L’employeur doit Ă©galement consulter le comitĂ© social et Ă©conomique en cas de licenciement d’un salariĂ© protĂ©gĂ©. 

En plus de la procédure classique de licenciement, l’employeur qui souhaite licencier son salarié sous protection de mandat doit consulter dans certains cas le CSE et dans tous les cas l’inspection du travail pour obtenir une autorisation de licencier.

Exemple de salarié protégé en cas de licenciement

Si dans la pratique, la plupart du temps le CSE rend un avis négatif sur le licenciement, l’inspecteur du travail est chargé de mener une enquête contradictoire avec étude du procès-verbal du CSE, convocation du salarié protégé, vérification de la procédure et du cadre des faits reprochés (dans l’exercice du mandat ou non) et justification du licenciement par l’employeur.

L’inspection du travail a entre 8 et 15 jours pour donner sa rĂ©ponse Ă  l’employeur. Le dĂ©lai peut ĂŞtre prolongĂ© si l’enquĂŞte contradictoire le justifie. L’absence de rĂ©ponse vaut absence d’autorisation de licenciement. 

Sans autorisation de l’inspection du travail, l’employeur a deux possibilités : soit réintégrer le salarié (et dans certains cas verser une indemnité compensatrice), soit verser au salarié une indemnité de rupture injustifiée du contrat de travail correspondant à l’intégralité des rémunérations que le salarié aurait perçue jusqu’à la fin de son mandat de représentant du personnel.

Le versement de la rémunération que le salarié aurait perçue est plafonné (30 mois de salaire pour un représentant du personnel élu, à laquelle s’ajoutent six mois de protection en qualité d’ancien élu. 12 mois pour un délégué syndical) mais n’est dû au salarié que si son licenciement n’a pas été suivi de réintégration ou de demande de réintégration.

Si le salarié est licencié après l’expiration de la période de protection, l’indemnité pour violation du statut protecteur n’est pas due.

En cas de sanctions disciplinaires comme la rétrogradation, affectant le contrat et les conditions de travail, l’accord du salarié protégé est nécessaire. La protection du représentant du personnel ne s’applique pas toutefois pour certaines sanctions, comme le blâme, l’avertissement ou la mise à pied disciplinaire.

La rupture conventionnelle (rupture du contrat de travail à l’amiable) entre un salarié protégé et son employeur doit faire l’objet d’une information orale ou écrite auprès de l’inspection du travail. Bien que cette démarche ne soit pas obligatoire et ne constitue pas une demande d’autorisation, elle est vivement conseillée pour la traçabilité.

Par la suite, la convention de rupture doit préciser les détails des termes convenus et le CSE sera consulté avant signature. L’employeur doit ensuite demander l’autorisation à l’inspecteur du travail en lui fournissant la convention de rupture, l’avis du CSE et le formulaire.

L’ordonnance du 22 septembre 2017 précise que les salariés membres du conseil d’entreprise ne sont jamais visés par la protection contre la rupture ou le transfert de contrat de travail. En cela, les membres du conseil d’entreprise ne bénéficient pas d’une protection aussi sécurisante que les membres du comité social et économique ou délégués syndicaux.

Attention : pour mettre en œuvre sa protection, le salarié protégé doit informer l’employeur de son mandat au plus tard lors de l’entretien préalable au licenciement ou, si la rupture ne nécessite pas d’entretien préalable, lors de la notification de la rupture.

Procédure de licenciement d’un salarié protégé : récapitulatif

Licenciement personnel d’un salarié protégé représentant du personnel

Licenciement personnel d’un salarié protégé d’un délégué syndical

Licenciement personnel avec mise à pied conservatoire d’un salarié protégé non délégué syndical

Licenciement personnel avec mise à pied conservatoire d’un délégué syndical

Convocation Ă  l’entretien prĂ©alable au licenciement. 

Convocation Ă  l’entretien prĂ©alable au licenciement. 

Convocation à l’entretien préalable au licenciement.

Convocation à l’entretien préalable au licenciement.



Notification de la mise à pied au salarié.

Notification de la mise à pied au salarié et à l’inspection

du travail

Entretien préalable au licenciement

Entretien préalable au licenciement

Entretien préalable au licenciement

Entretien préalable au licenciement

Convocation du CSE et réunion CSE

(dans les entreprises de 50 salariĂ©s et

plus)

 

Convocation du CSE et réunion CSE

(dans les entreprises de 50 salariĂ©s et

plus)

 

Demande d’autorisation de licenciement à l’inspection du travail.

Demande d’autorisation de licenciement à l’inspection du travail.

Demande d’autorisation de licenciement à l’inspection du travail.

Demande d’autorisation de licenciement à l’inspection du travail.

Décision de l’inspection du travail

Décision de l’inspection du travail

Décision de l’inspection du travail

Décision de l’inspection du travail

Si autorisation, notification du licenciement

par lettre recommandée avec AR.

Si autorisation, notification du licenciement

par lettre recommandée avec AR.

Si autorisation, notification du licenciement

par lettre recommandée avec AR

Si autorisation, notification du licenciement

par lettre recommandée avec AR

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Quelle est la durée de protection du représentant du personnel ?

La protection du dĂ©lĂ©guĂ© du personnel est valable pendant la durĂ©e de son mandat, mais aussi après son mandat, pendant une durĂ©e de 6 Ă  12 mois selon la nature du mandat exercĂ©. 

Les salariĂ©s qui ont demandĂ© l’organisation d’élections ou les candidats aux Ă©lections sont protĂ©gĂ©s pendant 6 mois, les anciens dĂ©lĂ©guĂ©s du personnel sont protĂ©gĂ©s pendant 1 an.

En cas de licenciement du représentant du personnel, cette protection prend effet à la date de convocation à l’entretien préalable.

Ă€ noter  :  L’autorisation de l’inspecteur du travail est donc nĂ©cessaire dès lors que le salariĂ© bĂ©nĂ©ficie d’une protection attachĂ©e Ă  son mandat Ă  la date d’envoi de la convocation Ă  l’entretien prĂ©alable au licenciement par l’employeur.

Exemples de cas de protection du délégué du personnel

Quelques cas concrets et pratiques sur le périmètre et les limites de la protection du salarié mandaté.

Licenciement du salarié protégé pour des faits commis à l’occasion de ses fonctions représentatives

Les agissements du salarié protégé pendant l’exercice de son mandat ne peuvent pas faire l’objet d’un licenciement pour faute, car pendant le temps de mandat, le salarié n’est pas subordonné à l’employeur.

L’employeur devra donc demander une autorisation de licenciement pour motif non disciplinaire, en arguant que le comportement ou les actes du salarié qui était alors sous la protection de son mandat rendent impossible son maintien dans l’entreprise.

Lorsque la demande d’autorisation de licenciement est motivĂ©e par un comportement fautif du salariĂ© au cours d’une grève, l’inspecteur du travail doit contrĂ´ler que les fautes commises ne se rattachent pas Ă  l’exercice normal du mandat, et qu’elles constituent des fautes lourdes au sens du Code du travail. L’employeur doit Ă©tablir la participation personnelle du salariĂ© aux actes illicites.

Dans quels cas l’absence d’immunité s’applique-t-elle aux salariés protégés ?

La protection dont bénéficient les représentants du personnel n’est pas contradictoire de leur obligation de respecter le pouvoir disciplinaire de l’employeur.

Les salariĂ©s peuvent donc faire l’objet d’une sanction disciplinaire, Ă  condition que celle-ci ne soit pas discriminatoire, c’est Ă  dire commise en dehors de l’exercice de son mandat et constituant un manquement Ă  ses obligations professionnelles. 

Dans le cadre de son mandat, seul un abus dans l’exercice de celui-ci peut être sanctionné par l’employeur.

Par exemple, des faits de violence et d’intimidation commis dans l’entreprise par un salarié protégé constituent un abus et doivent entraîner des sanctions disciplinaires. L’employeur est tenu d’y remédier.

Délit d’entrave commis par l’employeur

Délit d’entrave commis par l’employeur

Le délit d’entrave est un délit commis par l’employeur qui, ce faisant, empêche le bon fonctionnement du CSE ou toute autre instance représentative du personnel.

De lourdes sanctions peuvent pĂ©naliser l’employeur qui se rendrait coupable de dĂ©lit d’entrave, y compris des sanctions pĂ©nales lourdes :

  • Jusqu’à 1 an d’emprisonnement et 7 500 â‚¬ d’amende de dans le cas d’entrave ou de limitation de la constitution ou de la dĂ©signation des reprĂ©sentants Ă©lus du personnel
  • Jusqu’à 1 an de prison et 3 750 € d’amende pour entrave Ă  l’exercice du droit syndical, la consultation sur le droit d’expression et/ou la rupture du contrat de travail des dĂ©lĂ©guĂ©s du personnel, syndicaux et des membres du CSE, candidats aux Ă©lections ou anciens Ă©lus (durant la pĂ©riode de protection) et 7 500 € dans le cas d’un membre du CSSCT

Jurisprudence récente sur la protection des salariés

Voici quelques points de jurisprudence récents dans des dossiers contentieux de protection de salariés.

  • CE, 8 dĂ©c. 2021, n° 439631 : L’inspecteur du travail doit vĂ©rifier que le salariĂ© protĂ©gĂ© a fait l’objet d’une recherche sĂ©rieuse de reclassement, avant d’autoriser son licenciement Ă©conomique. Mais si le PSE fixant le pĂ©rimètre de la recherche de reclassement dans le groupe a Ă©tĂ© homologuĂ© par l’administration, l’inspecteur ne peut pas le remettre en cause.
  • CE, 22 juill. 2021, n° 427004 : Le salariĂ© protĂ©gĂ© dont l’autorisation de licenciement a Ă©tĂ© annulĂ©e doit normalement ĂŞtre rĂ©intĂ©grĂ© dans l’entreprise s’il le demande. Cependant, s’il a commis des faits de harcèlement moral, l’obligation de sĂ©curitĂ© justifie que l’employeur s’oppose Ă  sa rĂ©intĂ©gration et le licencie de nouveau.
  • Cass. soc., 1er dĂ©c. 2021, n° 19-25.715 : Le refus illĂ©gal de l’employeur de rĂ©intĂ©grer un salariĂ© protĂ©gĂ© après annulation de l’autorisation de licenciement et, par voie de consĂ©quence, de lui permettre d’être Ă©lecteur et Ă©ligible aux Ă©lections du CSE, constitue une irrĂ©gularitĂ© qui influence le rĂ©sultat du scrutin et justifie Ă  elle seule l’annulation des Ă©lections.

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  • Cass. soc., 19 janv. 2022, n° 21-10.264 : Le salariĂ© protĂ©gĂ© dont le licenciement est nul en raison de l’annulation de l’autorisation administrative doit ĂŞtre rĂ©intĂ©grĂ© dans son emploi ou un emploi Ă©quivalent. Lorsque l’employeur n’a pas satisfait Ă  cette obligation, sans justifier d’une impossibilitĂ© de rĂ©intĂ©gration, la rĂ©siliation judiciaire prononcĂ©e Ă  ses torts produit les effets d’un licenciement nul pour violation du statut protecteur.
  • Cass. soc., 17 mars 2021, n° 19-19.446 : L’employeur qui impose Ă  un salariĂ© protĂ©gĂ© d’accomplir des tâches de gestion quotidienne d’un niveau infĂ©rieur Ă  sa qualification et qui rĂ©duit ses responsabilitĂ©s commet un manquement rendant impossible la poursuite du contrat de travail. D’oĂą la requalification de dĂ©mission en licenciement nul.
  • Cass. soc., 15 fĂ©vrier 2023, n°21-20.572 : L’acceptation par un salariĂ© protĂ©gĂ© d’une modification du contrat de travail ou d’un changement des conditions de travail ne peut rĂ©sulter ni de l’absence de protestation de celui-ci, ni de la poursuite par l’intĂ©ressĂ© de son travail.
  • Cass. soc., 26 juin 2024, n°23-11.601 : Il y a dĂ©tournement du statut protecteur lorsque le salariĂ© protĂ©gĂ© est licenciĂ© 3 jours après l’expiration de la pĂ©riode de protection, pour le mĂŞme motif que celui ayant donnĂ© lieu Ă  la dĂ©cision de refus d’autorisation par l’inspecteur du travail, la sociĂ©tĂ© reconnaissant, en outre, dans la lettre de licenciement, maintenir le contrat de travail jusqu’à l’expiration de la pĂ©riode de 6 mois de protection consĂ©cutive Ă  la dĂ©mission de son mandat.

Source : Lefebvre-Dalloz