Sanction disciplinaire : comment aider le salarié ?

Le pouvoir disciplinaire au sein de l’entreprise appartient à l’employeur. Ce qui signifie que les employés doivent respecter la discipline édictée sur le lieu de travail et qu’il appartient à l’employeur de contrôler le travail et le respect du règlement intérieur, et de sanctionner tout comportement qu’il juge fautif.

Si la bonne réalisation du travail appartient au domaine des compétences professionnelles, le respect de la discipline est une affaire de comportement au travail, et son cadre est défini par le règlement intérieur.

Qui fixe les règles dans l’entreprise ? Qu’est-ce que la discipline au travail ? Quelles sont les sanctions en cas d’infraction ? Toutes les réponses sur cette page.

Blâme au travail

Comment contester une sanction disciplinaire ?

Le salarié qui souhaite contester une sanction disciplinaire devrait idéalement se faire conseiller et accompagner par le CSE ou un représentant du personnel lors de son entretien.

Une fois porté à sa connaissance le reproche qui lui est fait, il devrait constituer une défense ou des explications à présenter à son employeur.

Il est recommandé de présenter ses explications d’une part lors de l’entretien, et d’autre part par écrit avec preuve de réception de l’employeur.

Un salarié qui s’estime injustement ou trop lourdement sanctionné doit saisir le conseil de prud’hommes seul habilité à modifier ou annuler la sanction.

Une procédure disciplinaire non respectée ou non prévue au règlement intérieur peut également être soumise à l’appréciation du Conseil des prud'hommes CPH.

Attention : d’un point de vue légal, en cas de doute sur la responsabilité du salarié, si les faits reprochés ne sont pas de nature à justifier une sanction, si la procédure n’est pas respectée ou si l’employeur n’a pas de preuve de la faute, l’employeur devrait naturellement renoncer à une sanction.

Comment accompagner un salarié face à une sanction disciplinaire ?

Élu du CSE vous pouvez être appelé à conseiller et orienter le salarié mis en cause pour motif disciplinaire; à commencer par l’informer de ses droits, relire avec le salarié le règlement intérieur et l’accompagner lors de l’entretien préalable.

Votre rôle n’est pas de juger si la sanction est fondée ou non, mais de rappeler au salarié ses devoirs et ses droits.

Souvenez-vous que toute sanction doit être individualisée, proportionnée, justifiée et mise en œuvre dans le respect de la procédure légale ou conventionnelle.

Le respect du règlement intĂ©rieur de l’entreprise : pourquoi est-ce important ?

Un règlement intĂ©rieur est obligatoire dans une entreprise dès lors qu’il y a au moins 20 salariĂ©s. En dessous de 20 salariĂ©s, le règlement intĂ©rieur est une possibilitĂ©, mais reste facultatif. Ce qui n’empĂŞche en rien les employĂ©s de respecter un cadre de bonne conduite (hygiène, santĂ©, sĂ©curitĂ©, discipline et sanctions disciplinaires) sur leur lieu de travail.

Le règlement intĂ©rieur est un document qui impose des règles Ă  l’ensemble des effectifs : salariĂ©s, stagiaires, apprentis, intĂ©rimaires et intervenants extĂ©rieurs (pour les mesures d’hygiène et de sĂ©curitĂ© seulement).

Le contenu doit ĂŞtre conforme aux dispositions lĂ©gales et aux conventions collectives applicables. C’est -Ă  -dire qu’il doit respecter les lois et le Code du travail et ne peut pas s’y substituer. Les clauses obligatoires sont :

  • La clause d’hygiène, de santĂ© et de sĂ©curitĂ© dans l’entreprise : Ă©quipements de protection, conditions d’utilisation, produits dangereux, interdiction de fumer…
  • Le rappel des principes de non-discrimination (sexe, race, mĹ“urs, situation de famille, origines, opinions politiques ou syndicales, religion, handicap, orientation sexuelle, âge, apparence physique) et l’interdiction du harcèlement moral et sexuel.
  • Les procĂ©dures et recours relatifs aux mesures et sanctions disciplinaires envisagĂ©es (nature et Ă©chelle). Pour rappel, il est interdit d’envisager des sanctions disciplinaires pĂ©cuniaires.

Le règlement intérieur doit être soumis pour avis au CSE.

L’inspecteur du travail est chargĂ© de contrĂ´ler la lĂ©galitĂ© des clauses avant que le règlement ne soit dĂ©posĂ© au conseil des prud’hommes, avec la date de son entrĂ©e en vigueur. 

Il est obligatoire par la suite d’afficher le règlement intérieur dans l’entreprise.

Attention : en l’absence d’un règlement intérieur, la seule sanction que l’employeur pourra prononcer est le licenciement pour faute.

Quels sont les motifs valables de sanction disciplinaire ?

Les motifs de sanctions disciplinaires sont les actions ou comportements qui vont directement à l’encontre de la loi, du règlement intérieur ou des conventions collectives.

Peuvent notamment ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme comportements fautifs (liste non exhaustive) :

  • le non-respect des règles de discipline 
  • le refus de se conformer Ă  un ordre (Ă  l’exception du droit de retrait)
  • le non-respect de l’obligation de discrĂ©tion et de loyauté ;
  • les critiques, les injures, les menaces, les violences
  • le harcèlement
  • la discrimination
  • les nĂ©gligences
  • la consommation d’alcool ou de tabac sur le lieu de travail,

Il est interdit de sanctionner pour motif disciplinaire un salarié :

  • Pour un motif discriminatoire
  • Qui exerce une libertĂ© fondamentale ((libertĂ© d’expression, libertĂ© syndicale, droit de grève…)
  • Parce qu’il tĂ©moigne de harcèlement moral ou sexuel au sein de l’entreprise
  • Qui est lanceur d’alerte ou rapporte ou tĂ©moigne d’un dĂ©lit ou de faits punissables par la loi commis au sein de l’entreprise.
  • Qui exerce son droit de retrait pour danger grave et imminent
  • Parce qu’il est appelĂ© Ă  exercer des fonctions de jurĂ© ou de citoyen assesseur

Attention : un salarié ne peut pas être sanctionné deux fois pour la même faute disciplinaire.

Quelles sont les différentes sanctions disciplinaires ?

La faute disciplinaire pourra être légère, sérieuse, grave (si elle rend impossible le maintien du salarié fautif au sein de l’entreprise) ou lourde (commise avec intention de nuire à l’employeur). Les sanctions disciplinaires devront dans tous les cas être proportionnelles à la faute.

Une sanction lourde aura une incidence sur le contrat de travail.

Le règlement intérieur définit les différentes sanctions qui peuvent être prises dans l’entreprise. L’employeur ne peut prendre d’autres sanctions que celles prévues.

Les simples observations verbales ne sont pas considérées comme sanction disciplinaire.

Avertissement puis blâme au travail

L’avertissement disciplinaire est une sanction mineure, dont l’objectif est de rappeler le règlement intérieur au salarié par une lettre qui l’enjoint à mettre un terme à son comportement.

Le blâme au travail est un dernier avertissement avant mise à pied disciplinaire.

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Mise Ă  pied disciplinaire

La mise Ă  pied disciplinaire est une suspension du contrat de travail pendant la durĂ©e de laquelle le salariĂ© ne percevra aucune rĂ©munĂ©ration. 

Sa durée est déterminée à l’avance.

La mise à pied disciplinaire peut devenir une mise à pied conservatoire provisoire dans l’attente d’un licenciement suite à une faute grave ou lourde.

Mutation disciplinaire

La mutation disciplinaire est un changement d’affectation ou de lieu de travail Ă  la suite d’une faute du salariĂ©. 

Cette mutation peut être refusée par le salarié, sous réserve que son contrat de travail ne comporte pas de clause de mobilité. En quel cas l’employeur devra le licencier ou le réintégrer.

RĂ©trogradation

La rĂ©trogradation est un dĂ©classement du salariĂ© dans la grille hiĂ©rarchique dans l’entreprise. 

Les consĂ©quences sont une baisse de la rĂ©munĂ©ration et une perte de responsabilitĂ©. 

Elle doit obligatoirement ĂŞtre justifiĂ©e, Ă  dĂ©faut, elle est assimilĂ©e Ă  une sanction pĂ©cuniaire interdite par le Code du travail Ă  l’article et passible d’une amende de 3750 euros pour l’employeur.

Le salarié doit donner son accord.

Licenciement pour faute simple

La faute simple est une négligence conduisant à la violation d’une obligation professionnelle découlant du contrat de travail.

Licenciement pour faute grave

La faute grave est une faute qui rend impossible le maintien du salariĂ© dans l’entreprise. 

Elle est privative de l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement et de l’indemnité compensatrice de préavis.

Licenciement pour faute lourde

La faute lourde est une faute commise par le salariĂ© dans l’intention de nuire Ă  l’employeur. Ă€ la diffĂ©rence de la faute grave, il faut une intention et nuire et elle engage la responsabilitĂ© civile du salariĂ©. 

Elle est privative de l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement et de l’indemnité compensatrice de préavis.

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Les étapes d'une procédure disciplinaire

La procédure disciplinaire doit être prévue par le règlement intérieur, la convention collective ou un accord collectif. Elle doit respecter le cadre légal et les conditions dressées par le Code du travail.

Principalement, un employeur a deux mois après avoir pris connaissance de la faute du salariĂ© pour dĂ©clencher une procĂ©dure disciplinaire. Au - delĂ  il y a prescription. Il n’est pas non plus possible d’invoquer une sanction remontant Ă  plus de 3 ans pour appuyer une nouvelle sanction.

Un employeur qui ne respecte pas le cadre prévu de la procédure, qui peut prévoir par exemple le passage par l’avis d’une commission disciplinaire, verra sa sanction annulée par le CPH.

Attention : si la procédure disciplinaire envisagée est un licenciement pour faute, la procédure à respecter est celle du licenciement.

La procédure disciplinaire classique se déroule comme suit :

Convoquer le salarié à un entretien

Cette convocation est obligatoirement écrite, préférablement par courrier recommandé avec accusé de réception ou remise en main propre contre signature.

La convocation doit prĂ©ciser l’objet de l’entretien, la date et le lieu, ainsi que la possibilitĂ© pour le salariĂ© de se faire assister par une personne de son choix (reprĂ©sentant du personnel ou personne extĂ©rieure Ă  l’entreprise choisie sur une liste disponible sur le site de l’inspection du travail ou Ă  la mairie). 

L’entretien prĂ©alable doit avoir lieu au moins 5 jours ouvrables après la prĂ©sentation de la convocation.

Dans le cas d’un simple avertissement, l’entretien n’est pas obligatoire.

sanction disciplinaire

L’entretien préalable à une sanction disciplinaire

Pendant cet entretien l’employeur va notamment entendre la défense du salarié.

Notifier le salarié de la sanction

La notification de la sanction disciplinaire doit se faire dans un certain dĂ©lai minimum de 2 jours et maximum de 1 mois après l’entretien prĂ©alable.

La notification doit ĂŞtre Ă©crite et motivĂ©e (lettre recommandĂ©e ou remise en main propre contre dĂ©charge). 

La sanction disciplinaire dans le public 

La sanction disciplinaire dans la fonction publique est classĂ©e selon un groupe :

  • Groupe 1 : l’avertissement et le blâme
  • Groupe 2 : la radiation du tableau d’avancement, l’abaissement d’échelon, l’exclusion temporaire de fonctions de 1 Ă  15 jours et le dĂ©placement d’office.
  • Groupe 3 : la rĂ©trogradation et l’exclusion temporaire de fonctions de 3 mois Ă  2 ans.
  • Groupe 4 : la mise Ă  la retraite d’office et la rĂ©vocation.

Le dĂ©lai de prescription pour engager une procĂ©dure disciplinaire dans le public est de 3 ans, Ă  compter du jour oĂą l’administration a eu connaissance des faits.

La procĂ©dure de sanction disciplinaire dans le public se dĂ©roule comme suit :

  1. Consultation du conseil de discipline, sauf pour les sanctions du 1er groupe, 
  2. DĂ©libĂ©ration du conseil de discipline Ă  huis clos 
  3. Avis motivĂ© du conseil de discipline 
  4. Recours devant la commission de recours 

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